Don't be affraid

Affalé sur son canapé une clope en main, une bière dans l'autre, Orion contemplait son plafond l'air blasé. Il n'était pas particulièrement de bonne humeur, il avait besoin de se changer les idées. La flemme trop présente, il n'avait pas envie de sortir, mais il avait envie de voir du monde. Pas suffisamment pour organiser une sauterie, cependant. Il savait parfaitement qui appeler pour rire un coup, se détendre, et discuter en se grattant les couilles. Bon, pas tout à fait, mais presque. Il avait passé un coup de fil à Rier, lui proposant de venir squatter dans l'après-midi. Il avait la discut' facile, avec lui. Ça avait toujours été spontané entre eux. Depuis qu'Orion lui avait sauvé les fesses dans ce bar il y a quelques mois, ils étaient devenus de bons amis. Pourtant, Rier n'était pas du tout le genre de personne qu'il avait l'habitude de fréquenter. Homosexuel, décalé, mal dans sa peau et grande gueule. Un mec pas discret, quoi. Mais... il avait cette sensibilité qui avait réussi à le toucher, lui, grand insensible et indifférent. C'est la curiosité qui a poussé Orion à fréquenter Rier. Il voulait en savoir plus, en apprendre toujours et encore. Il le trouvait intéressant, et ils s'entendaient bien. Qu'est-ce qu'il lui fallait de plus ?

La raison de sa mauvaise humeur était une fille rencontrée la veille. Comme d'habitude, Orion avait séduit une blondinette éméchée à une soirée, et avait passé la nuit avec elle, dans son propre appartement. Il a dû la pousser dehors pour qu'elle s'en aille. Elle s'imaginait déjà dans ses bras pour toujours, voyait un cadre sur ce mur, aurait aimé arranger ce coin de chambre, et éventuellement installer ses petites culottes dans le tiroir du haut. Et puis quoi, encore ? Ce n'est qu'après avoir compris que cette réincarnation de la candeur avait développé une passion frénétique en une nuit qu'Orion décida de la foutre à la porte. Il avait remis ses affaires dans son sac à main, et l'avait envoyée se faire foutre. Gueule de bois et bourses en feu, il s'est tapé une crise de larmes monumentale. Il craignit même que sa nature habituellement calme ne s'efface le temps d'une droite. Leçon numéro une, ne jamais le faire chier au réveil. Surtout après avoir trop bu.

Ecrasant mollement sa cigarette dans le cendrier, Orion entreprit de s'habiller; il était toujours en caleçon. Tout de même, il ne désirait pas provoquer une érection à son ami. Souriant à cette idée, il attrapa un pantalon qui traînait, et l'enfila en ayant pris soin de reposer sa bière sur la table. Il ouvrit les rideaux pour avoir tout de même une idée du temps qu'il faisait dehors, et pu constater que le beau temps persistait. En même temps, à Miami, la grêle ou la neige ne tombe pas souvent. Soupirant, il se rassit et ralluma une cigarette. Il aurait voulu regarder la télé, mais il fallait se pencher pour attraper la télécommande. Comment vous dire... ce n'était pas le moment pour ça. Il se sentait absorbé par les coussins du canapé, et n'avait pour rien au monde envie de bouger de là. Mine de rien, on est bien, chez soi.