Je me trouvais seul sur les hauteurs de la ville, ma guitare dans le dos pour pouvoir profiter de l'air pur et de la source naturelle d'inspiration, le calme et l'horizon. Je ressentais le besoin de me ressourcer loin de toute l'affluence de la ville, de l'université. J'avais besoin d'être seul pour réfléchir. Je jouais quelques chansons connues, quelques compositions de mon groupe. Je pensais que je devais aller rendre visite à ma famille, qui sont pourtant près d'ici, et pourtant je ne les vois jamais. Mauvais fils, mauvais frère ? Peut-être. Souvent défoncé aussi, je ne veux pas qu'ils me voient comme cela, ils ne me reconnaîtraient pas. Et puis merde.

La solitude finissait par me peser, je voulais voir Dylan. Lui au moins, il me comprend, puis avoir plus que son amitié sincère ne me gênerait en aucun cas. Il est mignon, puis mannequin lui aussi. On s'est connu en cours à vrai dire, et même si on ne fait pas parti de la même confrérie, cela ne nous dérange pas. Je l'appelais rapidement. « Dylan ? C'est Steve. Tu peux me rejoindre au parc s'il te plait ? Je t'attend à l'entrée alors. A de suite chou ! » Alors que j'attendais pour partir, j'étais debout, au bord de la falaise, à regarder en bas, en face de moi. Puis je suis descendu vers le parc en voiture jusque là-bas, et attendit à l'entrée l'arrivée imminente de Dylan.

Je ne savais pas exactement à quoi je pensais. Surement à ce mec qui m'a brisé le cœur il y a un mois, peut-être prenais-je du recule sur ma vie en général, sur mes addictions que je souhaite cacher à ma famille, et au milieu de la mode. Peut-être voulais-je également oublier toutes les pressions qui étaient sur mes épaules quand au concert que je devais donner avec mon groupe dans les jours qui suivent, ainsi que pour la signature d'un contrat chez une marque de Skatewear assez connue, je ne sais même plus s'il s'agit de Volcom ou Element, j'ai rendez-vous dans trois jours et je stresse plutôt beaucoup. Qu'il est bon de sentir l'air du vent caresser mes cheveux et fouetter légèrement mon visage. J'ai l'impression de dominer le monde du haut de ma falaise.

Alors que j'attendais mon ami, je regardais passer les gens dans le parc. Des couples, des parents, des grands-parents, des gosses. J'avais oublié que nous étions un jour où les enfants n'ont pas classe, ou bien je n'ai pas regardé l'heure, il se peut qu'ils aient terminé l'école. J'ai perdu la notion du temps entre temps, pour je ne sais quelle raison. Je n'avais pas envie de me prendre la tête à comprendre le pourquoi des choses. Je veux de la simplicité dans ma vie. J'allumais une cigarette à défaut de pouvoir fumer un joint d'herbe en pleine après-midi car les flics n'étaient pas loin et que je ne voulais pas terminer en prison pour détention de drogue. J'étais appuyé contre le mur puis vit la voiture de Dylan. Un léger sourire se fit voir sur mon visage.

Il était aussi beau qu'à son habitude, toujours aussi classe dans une simplicité qui lui était propre. D'un geste banal, il me fit une accolade amicale, je lui donnais une légère tape dans le dos en essayant de sourire franchement. « Ca peut aller, et toi chou ? ». En réalité, mon sourire me trompait, pour la première fois depuis bien longtemps. Alors qu'il me regardait, je sentais comme une interrogation dans son regard, une interrogation qui me demandait pourquoi je mentais. « Enfin, je ne sais pas si ça va... »