« Caly' ! On y vaaaaaaa ! cria ma mère
- Oui ! Deux secondes ! J'arrive ! »

Je me regardais encore une fois dans le miroir, faisant la moue. Je me trouvais trop blonde, trop plate. Je posais mes mains sur mes hanches. C'était la dixième tenue que j'essayais aujourd'hui. Je devais partir aux portes ouvertes de l'université mais je n'arrivais pas à me décider. Pourtant, je sais toujours ce que je veux habituellement. Je n'hésite jamais et suis très persuasive. C'est juste dans ma nature. Je m'approchais un peu de mon miroir pour observer mon visage. Même quand j'étais grognon, on ne pouvait pas dire que j'étais moche. Je me maquillais assez fortement mais ça m'allait bien. Souvent en jean et avec des talons ou des converses, longues tuniques ou robes, j'étais passée par tous les styles. J'avais de beaux et grands yeux bleus, un nez fin et des lèvres pleines et jolies. Je me trouvais peut-être trop blonde mais tout le monde disait que ça renforçait mon charme. Je tirais la langue à mon reflet et fis demi-tour pour descendre. Ca irait pour cette fois. Je séduirais les gens et les professeurs par ma grande intégrité, mon sens de l'humour à toute épreuve et toutes mes autres qualités. Le problème étant que j'avais aussi des défauts. Je suis une vraie petite peste, une énorme tête de mule et tellement d'autres choses ! Mais quand on me connaît et que l'on m'aime bien, c'est qu'on aime tout chez moi ! Soit tu m'aimes comme je suis soit tu laisses tomber. Être mon ami est réjouissant mais aussi rudement dur ! Enfin, si vous avez toujours envie de me connaître, faites-moi signe !

« 16 Juillet 1992 »

- Chéri ?
- Oui ?
- Je suis enceinte ...

Trois petits mots. Une vie qui bascule. Deux même. Ils voulaient parcourir le monde après s'être marié. Ils avaient déjà tout prévu mais ça, néanmoins, ces deux anglais n'avaient pas imaginé que ça leur arriverait. Pourtant, ils ne peuvent se résoudre à le faire adopter ce petit bout de chou qui germe dans le ventre de sa mère. Alors on reste en Angleterre et on fonde une famille, une vraie et belle famille.

« 7 Mars 1993 »

- On y est presque !
[...]
- C'est une fille madame.

Et voilà ! Je vois le jour en ce mois frais et déjà ensoleillé. Le soleil se couche. Nous sommes à Londres et quelques jours plus tard, on m'emmène dans ma nouvelle maison. Une grande, très grande maison. Mes parents, deux enfants de nobles anglais se sont installés à quelques kilomètres au Sud de Londres, près de la mer. C'est là que je grandirais sous le beau nom de Calypso Antigone Smith. Mes deux noms donnés par des personnages de la mythologie grecque. Mes parents auraient voulu voyager mais en me mettant au monde, ils commencèrent le plus beau voyage du monde et c'est eux qui me l'ont dit !

« 23 Décembre 1998 »

- New York ? Mais chéri ?
- Tu m'avais promis que tu me suivrais si je devais y aller ...
- Je sais mais je ne pensais pas que ce serait si tôt la petite n'a que cinq ans ...

Ma très chère Angleterre. On m'a arraché à ton air frais, tes pluies rafraichissantes, tes hivers vivifiants, tes plages désertes même en plein été. Je n'ai que cinq ans et pourtant, je me souviens de tous ces petits détails. Je me souviens de ma grande maison, de ma chambre. J'adorais l'endroit où je vivais, mon pays. Je n'avais que cinq ans quand nous déménageâmes à New York, la grosse pomme. C'était bien loin de la campagne aux alentours de Londres. Pas le même accent, pas les mêmes personnes. Même à mon jeune âge, je m'en rendis compte. J'ai d'ailleurs toujours gardé mon accent typiquement anglais et mon humour à couper au couteau. Pourtant, je réussis à vite m'intégrer dans cette ville énorme. Nous habitions dans une belle maison, nous étions des riches et nous fûmes vite acceptés dans ce monde de paillettes et de couverts en or.

« 13 Septembre 2001 »

- On déménage encore ? Avec Maman à l'hôpital ?
- Ma puce, elle est ... Ta mère est morte et sans elle, on n'a plus rien ici. En plus, tu te plairas en Floride.

Je n'étais pas si certaine de la chose. Ma mère était morte dans les attentats du 11 Septembre. Je venais de l'apprendre. Elle avait été en soin intensifs, je savais qu'elle était gravement blessée mais ça faisait quand même mal. J'eus l'impression de perdre pied. J'avais huit ans et soudain, je me sentis plus mâture. Savez-vous ce que ça fait de perdre sa mère dans un attentat ? Malheureusement, depuis ce jour-là, nous sommes beaucoup plus à le savoir. Je me souviens avoir hurler, crier, pleurer. Et ce pendant des jours. Je ne voulais pas partir ou alors seulement pour retourner en Angleterre. Je ne voulais pas recommencer ma vie sans elle. New York était la seule chose qui me rattachait encore à elle. J'étais restée sur son lit, son t-shirt préféré dans les bras pendant longtemps sans manger ni boire. Jusqu'à ce que mon père m'arrache à ce lit et m'emmène dans la voiture. Toutes les valises y étaient et il m'emmena en Floride, désespéré à cause de mon long silence qui dura encore un an. Un an pendant lequel j'étais devenue aphone, incapable de m'ouvrir aux autres jusqu'à ce que je LE rencontre. Mais ça, c'est une autre histoire ...

« 25 Juillet 2010 »

- Je suis acceptée ! Je vais à Trinity !
- Ma chérie ! Je suis si fière de toi !

Miami me voilà ! Dans deux mois, je serais une nouvelle élève de la prestigieuse université de Trinity en Floride. J'y vis depuis 9 ans maintenant. Je me suis fait des amis même si il m'a fallu du temps pour m'en remettre. Heureusement qu'il était là pour moi, heureusement qu'il me restait mon père aussi. J'ai bossé dur ensuite pour me remettre au niveau. Un an, ça ne se rattrape pas facilement. J'ai touché une grosse partie de l'héritage de ma mère et je retourne en Angleterre dés que je le peux pour lui parler à elle et à sa tombe. Je vais mieux, beaucoup mieux. J'ai gardé mon bel accent anglais qui rajoute à mon charme. J'adore aller sur la plage de Miami, ça me rappelle un peu l'Angleterre. En plus bondé quoi ... J'ai eu l'université de mon choix et deux mois plus tard, j'y entre, vite acceptée parmi les autres et ce sans mon argent.

« Une jeune fille marche dans le sable, pieds nus. On est en plein hiver mais elle porte seulement une grande tunique blanche et un short. Elle a un appareil photo à la main et elle rigole alors que son modèle est trempé. Elle court vers lui et lui saute au cou, éclaboussant le garçon tout en riant. »